Accueil / Arts et films

Le petit musée de Pierre Martelanches

Une des plus importantes découvertes de ces dernières années dans le domaine de l’Art Brut, Singulier ou Populaire, inscrit à l’inventaire du patrimoine national en 2013.

10 mai 2011, jour de départ de l’expédition« Voyage avec mes ânes en Côte Roannaise ». Cette mission d’enquête littéraire a été confiée à l’écrivain ethnologue Jean-Yves Loude, à l’ethnologue photographe Viviane Lièvre et au kinésithérapeute Alain Jouve, ânier de surcroit, par le Conseil Général de la Loire et les Communautés de Commune de l’Ouest Roannais, afin de répondre à une demande de définition d’un territoire et à cette question d’actualité : la culture et la littérature peuvent-elles aider au rayonnement et au développement économique d’une région belle et enclavée : la Côte Roannaise ? L’aventure durera cinq semaines, couvrira une distance de 260 kilomètres. Les trois voyageurs et leurs ânes relieront dix-neuf villages. Chaque soir d’arrivée, l’écrivain et sa compagne ethnologue offrent une veillée différente sur chaque destination de leurs livres, dix-neuf en tout qui réunissent de plus en plus de public au fur et à mesure de la progression de l’équipée.

Mi-mai 2011 : Philippe Bertrand, sur France Inter, déclare que chaque région de France devrait se doter d’une enquête littéraire similaire.

Le lundi 13 juin 2011, Alain Jouve, Viviane Lièvre et Jean-Yves Loude, flanqués des ânes Gomette, Violette et Samy, entament la cinquième semaine de leur « Voyage en Côte Roannaise ». La récolte de singularités patrimoniales est déjà plus que satisfaisante. On pressent que le pari  de cette exploration littéraire va être gagné : à partir des richesses du passé, on pourra tracer des pistes de développement pour le futur. L’expédition est en train de prouver que les trois communautés de communes de la Côte Roannaise forment bel et bien un territoire homogène doté d’atouts culturels d’une rare qualité, qui ne demandent qu’à être valorisés pour, en conséquence, valoriser l’ensemble de la région.

En ce lundi de Pentecôte, l’équipe fait étape à Saint-Romain-la-Motte. Gabriel Boucher, adjoint au maire, mène les trois enquêteurs littéraires, en pleine campagne. Là, à l’orée d’un champ de maïs, se dresse un monticule recouvert de vigne vierge. Trois statues en béton montent la garde de ce tumulus étrange. Un grand ange recueille entre ses bras le cadavre d’un soldat. Il règne une atmosphère d’abandon. En écartant les broussailles, les voyageurs pénètrent dans une ancienne maison de vigne et, aussitôt ressentent la fulgurance d’un choc.

Malgré le fouillis qui y règne, ils ont conscience de s’être glissés dans un sanctuaire. L’espace est restreint, mais on discerne une foultitude d’œuvres en terre cuite, des fresques en bas-relief, des colonnes peuplées de personnages historiques ou de figures féminines allégoriques, des inscriptions murales patiemment calligraphiées, des femmes accablées par la guerre, des symboles de justice et de paix, balances et colombes… Les yeux ne savent plus où se poser. À ce moment précis, l’émotion partagée s’apparente à celle d’archéologues découvrant un temple occulté par la végétation, évacué des mémoires. Le temps, les intempéries, les rongeurs n’ont pas ménagé les sculptures. Certaines colonnes se sont effondrées. De nombreux personnages sont décapités. De fines têtes traînent par terre. Parfois, les traits des visages ont été effacés. D’autres ont résisté à l’érosion. Quelques traces de couleurs laissent supposer une polychromie générale, à l’origine. Les enquêteurs restent abasourdis.

Il s’agit du Petit Musée de Pierre Martelanche. Gabriel Boucher explique que l’auteur de ces œuvres était son arrière-grand-père. Un homme exceptionnel. Un vigneron qui, privé des bénéfices de l’instruction en raison de sa condition, n’aura de cesse de compenser sa frustration en se lançant dans un plaidoyer artistique pour revendiquer l’accès à l’Éducation pour tous. C’est un autodidacte. Il se met un jour à utiliser le matériau qui lui tombe sous la main, la terre, pour façonner un monument à ses idées laïques, républicaines, profondément ancrées en lui. Il a cinquante ans, en 1900, quand il commence à modeler la glaise. La mort interrompra son geste pour la paix en 1923.

Martelanche a fait la lourde expérience de la défaite française de 1870. Il en a réchappé, mais l’absurdité de la guerre l’a traversé comme le tranchant d’une baïonnette. Il veut dire à son entourage, à ceux qui sont capables d’attention, que la violence des conflits est le mal absolu. Que seule la paix génère le progrès. Il érige une colonne où l’on voit des jeunes femmes gracieuses comme des nymphes soulever des canons, d’étage en étage, afin de les déverser dans la gueule sommitale d’un haut fourneau. Le message est clair : il faut fondre les canons pour les reconvertir en outils, araires, machines, locomotives, utiles à une humanité marchant vers une modernité espérée féconde, car davantage ouverte aux femmes.

La femme incarne une vision de l’avenir. C’est clair et net dans l’esprit de Martelanche. Certes, on a l’habitude de voir Science, Éducation, Paix et Justice prendre les formes allégoriques de femmes. Le vigneron inspiré ne se prive pas de donner à ses espoirs les formes avantageuses de naïades aux cheveux défaits, le sexe couvert de rubans où s’étalent les devises de sa foi en l’humain. Ainsi, représente-t-il le concert des nations, la colonne du dialogue des cultures, par une farandole de belles créatures dont l’énergie joyeuse viendra forcément à bout de l’instinct meurtrier des mâles. Mais, Martelanche ne se contente pas du langage allégorique. Quand, dans un bas-relief sublime, la figure de Marianne recouvre celle de l’institutrice, c’est une petite fille qu’on voit étudier au centre de la classe, sous le manteau protecteur de la République.

La liberté se conquiert grâce à la culture. Martelanche le sait, lui le vigneron qui a lutté pour grappiller un peu de ce savoir encore réservé, de son temps, aux élites. Alors il écrit, beaucoup, sur le flanc de ses statues, sur des drapeaux, sur des panneaux. Il s’ingénie à recopier la déclaration des Droits de l’Homme, à la graver dans la glaise. Il calligraphie, avec pleins et déliés, des recommandations aux jeunes filles. Il dédie, sur le fronton de son temple une ode à « Victor Hugau », l’écrivain qui préconisa d’ouvrir des écoles pour plus vite fermer des prisons. En cela, Martlelanche appartient bien à la famille des créateurs d’art populaire, toujours soucieux de doubler leurs œuvres par des explications redondantes, comme s’ils n’étaient pas sûrs de la pertinence de leur art et de sa lisibilité. En l’occurrence, Martelanche tend des lignes d’écriture pour que viennent s’y poser les colombes de la paix et de la liberté.

Les enquêteurs ont la certitude de poser les yeux sur un véritable trésor d’Art Brut, Naïf, Populaire ou Singulier. Ils pensent au palais idéal du Facteur Cheval, au manège de Petit Pierre à la Fabuloserie, au Jardin de Rosa Mir à Lyon, aux œuvres asilaires et bouleversantes du Musée de Lausanne. Certes, la taille de la cabane de vigne est restreinte, mais l’importance de son contenu s’impose. Cependant, l’état des lieux est alarmant. Pourquoi un tel abandon ? La cause est la même, logique, tragique, que pour les autres points culminants de l’Art Brut, quand ils furent redécouverts : Martelanche passa, à son époque, pour un esprit délirant, un fantaisiste, pour ne pas dire un fou. Pourtant, il expliquait sa démarche, il faisait visiter son « Petit Musée », il demandait un droit d’entrée qu’il réservait à la construction d’une école. Idée vertueuse s’il en est. Mais la rumeur publique ne le ménagea pas. Sans doute était-il jugé trop « rouge », « laïcart », trop progressiste : était-ce la place d’un paysan de jouer les artistes donneurs de leçons ? Il semblerait que ce reproche de la société se soit étendu comme un voile d’opprobre et que la descendance du vigneron éclairé n’ait pas réussi à le déchirer. Jusqu’à ce lundi 13 juin 2011.

Comment sauver ce petit chef-d’œuvre en grand péril ? À partir de cet instant, la question ne cessera de hanter les investigateurs culturels et les descendants de Pierre Martelanche. Les constructions en terre cuite, les tours de Babel et autres sculptures ont résisté tant bien que mal à près d’un siècle, mais les prochains froids ou orages violents risquent de leur être fatals. C’est sûr : la région de la Côte Roannaise tient là une authentique « pépite », susceptible d’attirer un public d’amateurs et de curieux éclairés, disséminés dans la France entière et à l’étranger. Il n’y a plus un hiver à perdre ! Il convient de s’agiter dans la plus grande discrétion afin de ne pas exposer non plus le Petit musée à des actes de pillage.

Une chaîne de compétences se constitue. Madame Laure Déroche, Maire de Roanne, est aussitôt prévenue. Elle permet d’alerter Christian Chavassieux, Conservateur au Musée Déchelette de Roanne, qui conseille de demander le diagnostic d’Anne Carcelles, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Loire, qui, elle-même, avoue son étonnement devant ce patrimoine caché et recommande d’en faire part à la DRAC Rhône-Alpes. Jean Bartholin, Président de la Communauté de Communes, Conseiller général de la Côte Roannaise, et initiateur de cet audit culturel sous forme de voyage littéraire, est subjugué par la grande actualité des messages humanistes de Pierre Martelanche. Un dossier est déposé à la DRAC dès juillet 2011. La réponse, signée par madame Marie Bardisa, Conservateur Régional des Monuments Historiques, confirme sans attendre l’intérêt d’une conservation de ce patrimoine.

Le 2 décembre 2011, paraît le livre de Jean-Yves Loude, « Voyage avec mes ânes en Côte Roannaise », aux éditions Jean-Pierre Huguet. Le chapitre consacré à l’étape de Saint-Romain-la-Motte s’attarde longuement sur la magnifique « redécouverte » du Petit Musée. Ces pages constituent la première divulgation autorisée par la famille du vigneron créateur. Prudemment, aucune mention du lieu d’implantation n’est stipulée. Mais, en coulisses, le mouvement est lancé. Des visites de spécialistes se succèdent qui confirment l’opinion générale. Le Conseil municipal de Saint-Romain-la-Motte se rend en délégation sur le site, découvre l’étrange beauté de ce temple dédié aux valeurs de Liberté, Égalité, Fraternité, et le juge digne d’être rendu à l’admiration du plus grand nombre, à l’édification des plus jeunes. Un projet de musée est ébauché, impliquant un déplacement de la bâtisse, sa relocalisation au centre du village, afin d’en assurer la sécurité et de l’ouvrir aux futurs visiteurs.

C’est alors qu’une restauratrice des monuments historiques, Colette Brussieux, est sollicitée pour donner son avis sur l’ampleur de la restauration. À son tour, elle tombe sous le charme de l’univers de Martelanche, de sa volonté de participer à la construction d’un avenir meilleur. Certes, elle confirme d’emblée la valeur de cet ensemble unique, mais son verdict est formel : si les œuvres ne sont pas déplacées dans les plus brefs délais, mises hors gel et hors d’eau, il ne sera même plus la peine de s’agiter pour vouloir sauvegarder quoi que ce soit. Par respect pour cet héritage arraché à la nuit de l’oubli, Colette Brussieux s’engage à diriger deux sessions de dépose des pièces. Gabriel Boucher repère et aménage un « lieu sûr », ventilé, à température constante. Avec l’aide de toute la famille Boucher, les œuvres de Pierre Martelanche sont transférées au cours d’une semaine au mois de novembre et d’une autre en décembre 2012 : toutes dépoussiérées, désignées, répertoriées, décrites sous l’autorité de la restauratrice. Puis photographiées sous tous les angles par Viviane Lièvre. Et enfin, déplacées et réinstallées à l’abri.

Un film sur le travail de Martelanche est en cours. Le réseau des relations et amitiés opérant, l’annonce d’une nouvelle étoile dans le monde de l’Art Brut parvient aux oreilles de Philippe Lespinasse, cinéaste connu pour ses reportages à « Thalassa » et « Faut pas rêver », documentariste lié au Musée de Lausanne, point de référence européen de l’Art Brut. Lespinasse a déjà réalisé une quinzaine de films pour la prestigieuse institution suisse. En décembre 2012, il se joint à l’équipe de sauvetage des œuvres de Martelanche et profite des jours de transfert pour tourner un document sur le vigneron humaniste. Le regard du cinéaste, pourtant habitué à traquer les créateurs insolites aux quatre coins du monde, confirme encore une fois l’importance de la découverte. « Un événement rare ! » La venue d’un expert. C’est grâce à Philippe Lespinasse que le Petit Musée reçoit, également en décembre 2012, la visite de Laurent Danchin, considéré comme un des plus éminents spécialistes des Arts Brut et Singulier en Europe. Critique d’art et conférencier, Laurent Danchin collabore avec le Musée d’Art Brut de Lausanne aussi bien qu’avec la Halle Saint-Pierre à Paris, centre des arts modestes en France. Il anime un site de référence sur la toile, Mycelium et participe à la revue internationale Raw Vision. Laurent Danchin déclarera devant la caméra de Philippe Lespinasse l’importance de l’œuvre de Martelanche, « autodidacte éclairé », habité jusqu’à l’obsession par le désir de transmettre sa volonté de paix et d’instruction pour le monde. Il attirera l’attention à la fois sur la beauté plastique des constructions et sur la rareté du matériau, l’argile, très peu utilisé par les créateurs d’Art Brut, car l’usage de la terre, modelée puis cuite, demande une initiation technique que bien peu d’artistes populaires furent en mesure d’acquérir. Laurent Danchin dès janvier 2013 témoigne sur le site de Mycelium du retour à la lumière des œuvres de Martelanche, afin d’informer le réseau international des amateurs de ce territoire de l’Art. Car les phases de restauration et d’élaboration d’un musée ont besoin préalablement d’une reconnaissance nationale et internationale.

Un musée d’Art Brut a intérêt à être associé à une action sociale. C’est la préconisation de Laurent Danchin qui s’appuie sur les expériences britanniques en ce domaine. Ce conseil nourrit la réflexion. Il se trouve que la municipalité de Saint-Romain-la-Motte vient d’acquérir un terrain sur lequel se dresse une dépendance de ferme de 182 m2 au sol, bénéficiant d’un étage de 85 m2. Cette construction de caractère a l’avantage de se situer entre l’école primaire et la future résidence pour personnes âgées, MARPA. Cette bâtisse, orpheline de projet, se voit soudain investie d’une importance stratégique : elle permet d’établir la préfiguration du musée Martelanche en l’incluant dans une perspective sociale. La construction serait partagée en trois espaces : le premier servira de salle d’exposition. Le second à une mise en scène des idées avancées par Martelanche à partir de son œuvre en vue de rencontres pédagogiques. La troisième pièce deviendra un atelier « partagé » pour des initiations à l’art de la terre, modelage et sculpture, grâce aux compétences d’un professionnel. Le terme « partagé » indique que l’atelier sera ouvert de manière privilégiée aux élèves de l’école primaire et aux résidents de la maison de retraite, puis, aux autres heures disponibles, aux habitants du village de Saint-Romain et de la Côte Roannaise. L’objectif serait de faire de cet atelier partagé un centre de référence, lié au futur musée des œuvres en terre cuite de Pierre Martelanche.

22 janvier 2013, une association est fondée, outil indispensable à l’action de sauvegarde de l’art de Pierre Martelanche et de divulgation de sa pensée. Elle accompagnera la conception et l’équipement du site de restauration et d’exposition des pièces réhabilitées, ainsi que l’installation de l’atelier d’initiation « partagée » à la terre cuite.

Printemps 2013, une souscription est lancée. Cette campagne d’information et d’appel à soutien constitue la première action de l’association en faveur de ce joyau d’art populaire dont la restauration nécessite un important soutien financier. Tous ceux qui sont convaincus par l’humanisme actif du vigneron Martelanche, en direction du public le plus grand, et par l’immense valeur esthétique de sa création, modeste et généreuse, peuvent aider au sauvetage du musée et de son inestimable contenu. En échange, ils reçoivent un leporello, livre d’art rehaussé de huit photos de Viviane Lièvre.

Été 2013 : de nombreuses personnalités du monde l’Art Brut viennent visiter le Petit Musée et les réserves dont Madame Marie-José Georges, directrice du Palais Idéal du Facteur Cheval. Jean-Yves Loude et Viviane Lièvre se rendent à Lausanne afin de rencontrer et d’informer madame Sarah Lombardi, directrice du Musée d’Art Brut, de l’existence de cette pépite. Madame Lombardi décide aussitôt d’inclure Pierre Martelanche dans le site du musée.

24 octobre 2013 : Madame Anne Carcel, Conservatrice des Antiquités et Objets d’Art de la Loire, présente l’œuvre de Pierre Martelanche devant la commission nationale du classement au Patrimoine. En vertu de la qualité des sculptures et de l’importance des messages qu’elles colportent, l’œuvre de Pierre Martelanche est retenue dans son ensemble pour une inscription au titre des Monuments Historiques. Rarement une reconnaissance n’aura été aussi rapide ; elle démontre l’importance de la découverte.

Novembre 2013 : dix pièces majeures de Pierre Martelanche sont exposées dans la vitrine « publique » du Musée Déchelette à Roanne pendant trente jours. Cette exposition sur rue remporte un vif succès.

Décembre 2013 : un nouveau miracle se produit. L’arrière arrière petit-fils de Pierre Martelanche, en rangeant un entrepôt, découvre une sculpture du Christ, entouré de quatre figures féminines, d’une hauteur de cinquante centimètres. L’oubli dans lequel elle se trouvait lui permet de resurgir en parfait état, en pleine période de Noël !

Jeudi 13 mars 2014 : Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre, Colette Brussieux et les descendants de Pierre Martelanche participent à la troisième Biennale d’Art Singulier de Dijon et révèlent la place singulière qu’occupe désormais dans ce domaine international le « vigneron autodidacte éclairé » de la Côte Roannaise. A cette occasion, le film court métrage (19 minutes) de Philippe Lespinasse est projeté en avant-première.

Avril 2014. Un restaurateur spécialisé, Lionel Lefebvre, est pressenti pour redonner couleurs et solidité à l’ensemble des pièces. Un budget et une méthodologie sont établis. Le temps des grandes subventions et décisions arrive afin que l’actualité des idées généreuses et humanistes de Martelanche touche le rivage des consciences contemporaines, un siècle après les avoir modelées.

Juin 2014. Parution de l’article « Pierre Martelanche, un monde d’argile. À la découverte d’une collection d’Art Brut en Côte Roannaise », rédigé par Reine Bürki, Conservateur des Bibliothèques, dans le Bulletin des Bibliothèques de France, publié par l’ENSIIB, l’École nationale  supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques.

Août 2014. Enregistrement, sur le site de St Romain-la-Motte, d’une émission de 45 minutes pour la chaîne première de la Radio Suisse Romande. Diffusion : automne 2014. Diffusion : mardi 14 octobre de 16h à 17h.

Septembre 2014. En vertu de l’inscription de l’œuvre de Pierre Martelanche sur la liste du Patrimoine national, les représentants de la DRAC et du Conseil Général de la Loire confirment le soutien de leurs institutions respectives à la restauration et à la future mise en place d’un espace de restitution des sculptures de Martelanche au public.

Vendredi 6 Février 2015. France Culture consacre une émission d’une heure à Pierre Martelanche, dans le cadre de l’émission de Julie Gacon, « Sur la Route ». A écouter sur ce Blog.

Mai 2015. Sortie de la revue d’Art, « L’Œuf Sauvage », qui consacre dix pages à l’œuvre de Pierre Martelanche.

Dimanche 21 juin. Exposition de quelques œuvres de Pierre Martelanche dans le clocher de l’église de Saint-Romain-la-Motte, et dans le cadre des Journées du Patrimoine de Pays. Le film de Philippe Lespinasse est diffusé cinq fois de 14h à 18h.

Plus de trois cents personnes se pressent vers le clocher à cette occasion, révélant l’attraction qu’exercent la beauté des sculptures de Martelanche et la force de sa pensée.

Réussite magistrale de cette opération « Portes ouvertes » et surtout grand succès populaire qui confirme le jugement des spécialistes de l’Art Singulier sur le trésor que représente Martelanche pour la commune de St Romain-la-Motte.

Printemps 2015. L’aventure humaine de la redécouverte de l’œuvre de Pierre Martelanche suscite un fort intérêt parmi les associations en charge des territoires proches du Roannais. Jean-Yves Loude est invité à faire de nombreuses présentations de « Voyage avec mes ânes en Côte Roannaise » suivi de la projection du film de Philippe Lespinasse sur l’œuvre de Martelanche : à Grezolles le 23 mai lors de la Biennale de Sculpture, à Lay le 2 juin, aux Biefs le 19 septembre.

Octobre 2015

La Mairie de Roanne confirme son choix de confier à la commune de Saint-Romain-la-Motte, via l’Association des Amis du Petit Musée de Pierre Martelanche, le four à céramique du Musée Déchelette. Cette délocalisation du four doit se comprendre dans le cadre de collaboration à venir entre le musée Déchelette et le futur Espace Pierre Martelanche qui accueillera des artistes résidents du Musée Déchelette pour des ateliers et des créations d’œuvres. Préfiguration d’opérations « Déchelette hors les murs ». La nouvelle de cette association à travers le four apporte une dynamique essentielle au projet de l’Espace Martelanche, en accélérant le réalisation de la première des trois phases de sa création : « l’Atelier partagé », qui pourra être mis à l’essai dès 2016. Un atelier de formation à la terre cuite, en direction des enfants, séniors et tout public. Cet atelier partagé pose les fondations de la vocation sociale de l’Espace Martelanche, avant la réalisation de la salle de restitution au public des œuvres du vigneron autodidacte, et l’ouverture du centre de rencontres autour des idées civiques portées par la pensée de Martelanche.

Samedi 14 novembre.

La Municipalité de Hauterives, son maire, l’Adjointe au Affaires Culturelles, Marie-Josée Georges, directrice du Palais Idéal du Facteur Cheval, reçoivent le Conseil Municipal de Saint-Romain-la-Motte. Cette rencontre était placée sous le signe d’une collaboration future, d’une mise en réseau des lieux essentiels de l’Art « Brut », « Singulier » ou « Populaire », quand l’Espace Martelanche sera ouvert au public.

Marie-Josée Georges a offert au Conseil Municipal de St Romain, à son maire Gilbert Varennes, une visite privilégiée du site et de l’espace muséographique ouvert il y a seulement un an, consacré à la vie du Facteur Cheval.

Cette visite fut suivie d’une réception à la mairie pour une discussion sur le formidable privilège culturel et économique que constitue la présence de trésors d’Art populaire sur le site d’une commune, comme peuvent l’être le Palais Idéal à Hauterives et, bientôt, le Petit Musée de Pierre Martelanche à St Romain-la-Motte. Les deux communes étant de taille à peu près comparables, les élus de Hauterives expliquent que la leur dispose, grâce à la présence du Palais Idéal (un des sites les plus visités de Rhône-Alpes), de plusieurs restaurants, d’une librairie, de plusieurs boulangers, d’une agence bancaire, d’une vie économique en bonne santé.

Une journée de discussions techniques extrêmement précieuses pour l’avenir proche de l’Espace Martelanche. Et la certitude d’une liaison forte d’intérêts réciproques entre les deux lieux culturels.

Février 2016

Une seconde rencontre est prévue entre les deux communes en février 2016 (date à confirmer). Cette fois-ci, les élus de Hauterives se déplaceront au nord de la Loire pour visiter le site du Petit Musée, les réserves et visionner le film de Philippe Lespinasse.

Septembre 2021

Depuis longtemps vous attendez de savoir ce que deviennent les œuvres remarquables de Pierre MARTELANCHE vigneron autodidacte, artiste humaniste, dont les sculptures, redécouvertes en juin 2011, inscrites à l’inventaire du Patrimoine en 2013, sont restées longtemps en attente d’un projet de valorisation et d’une indispensable restauration.

Je vous prie, au nom de l’Association, de pardonner l’absence de communication, suspendue pendant plus d’un an et demi. La crise de la Covid 19 n’y est pour rien. La raison de notre silence vient simplement de négociations politiques et culturelles délicates autour de l’avenir des sculptures de Pierre MARTELANCHE dont il aurait été préjudiciable de dévoiler la nature avant qu’elles n’aboutissent. C’est aussi simple que cela.

Nous attendions de bonnes nouvelles aujourd’hui confirmées pour pouvoir vous les transmettre ; la covid ne nous permettant pas de tenir une assemblée générale.

Initialement, les œuvres de Pierre MARTELANCHE devaient rejoindre entre 2018 et 2019 le fonds du Musée des Confluences de Lyon.

Des problèmes statutaires ont gêné la réalisation de ce projet.

En 2019, devant une situation soudain bloquée, des visites du site et des réserves ont été organisées pour réfléchir à l’avenir de ce patrimoine précieux.

Monsieur Olivier DONAT, Directeur des Musées de la Ville de Paris, ex-responsable du Lille Métropole Art Moderne de Villeneuve d’Ascq (LAM), actuellement administrateur général MUCEM de Marseille, a émis la possibilité d’un accueil du fonds Martelanche au LAM, compte tenu de l’exceptionnelle qualité de l’œuvre. Ce qui impliquait un déplacement de ce trésor d’Art Populaire dans le Nord et une perte pour la Loire.

Par la suite, grâce à l’implication de Madame la Députée, Nathalie SARLES, Messieurs le Préfet de la Loire, le Sous-Préfet de Roanne, le Directeur de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, le directeur des Services Techniques de la Ville de Roanne sont venus tour à tour constater que ce serait vraiment une perte dommageable pour la région roannaise de voir s’éloigner ce trésor culturel. Car, comme l’a répété Monsieur ABRARD, Sous-Préfet de Roanne, « Ce n’est pas MARTELANCHE qui a besoin de Roanne, c’est Roanne qui a besoin de  « MARTELANCHE »

Fin 2019, à la suite de ces visites et des concertations qui ont suivi, s’est formé le projet d’une donation des œuvres de MARTELANCHE au Musée Joseph DECHELETTE de Roanne pour qu’elles prennent place dans un espace permanent, dans le cadre de la rénovation du Musée lui-même. Les négociations ont été initiées par Madame Nathalie PIERRON, alors Directrice du Musée, et Madame Laure-Elie RODRIGUES, Collaboratrice scientifique en charge des collections, avec l’accord de Monsieur Yves NICOLIN, Maire de Roanne et avec l’attention des responsables de la DRAC.

L’année 2020, si préjudiciable pour la culture, a toutefois favorisé l’avancée de ce projet. Les conventions ont été élaborées. Au cours du premier semestre, Monsieur Bruno YTHIER, nouveau Conservateur et Directeur du Musée Déchelette, a pris ses fonctions. Dès son arrivée, il a déclaré son attachement à l’œuvre de MARTELANCHE et dit sa volonté de la voir enrichir le fonds du Musée DECHELETTE, exposée dans un site propre, avec une mise en espace respectant sa singularité.

Les restauratrices, Mesdames Colette BRUSSIEUX et Fanny FIOL, furent invitées à établir les coûts et les modalités de transfert des œuvres de Martelanche, des réserves où elles étaient stockées à St Romain-la-Motte, à celles du Musée Déchelette.

Début novembre 2020, et pendant quatre semaines, assistées par les équipes du Musée, sous la responsabilité de Laure-Elie RODRIGUES, Colette BRUSSIEUX et Fanny FIOL ont nettoyé les pièces, les ont triées, identifiées, et ont dirigé leur conditionnement et emballage, réalisés par l’équipe technique du musée, avant que les pièces ne soient chargées dans les véhicules du Musée et transportées à Roanne. Les deux restauratrices ont ainsi pu rédiger un nouvel inventaire homogène de l’œuvre complète qui servira de base scientifique et d’outil indispensable à la restauration.

En ce début d’année 2021, Colette BRUSSIEUX et Fanny FIOL ont achevé leur rapport, avec un descriptif de l’état sanitaire. Les préconisations de restauration constitueront une autre étape, précise, qui demandera de faire des analyses par exemple, pour l'étude des matériaux et de la salinité des pièces. Elle pourra débuter sur la base du récolement qui vient d’être effectué. Elle est de fait prévue pour cette année. C’est seulement à partir de là que pourra être chiffré le coût à provisionner pour la restauration.

Il reste encore une réflexion à aboutir et des décisions à prendre concernant le devenir de la cabane, les œuvres incluses dans les murs et le fronton de la cabane de vigne, ainsi que celui des cinq sculptures en béton installées par MARTELANCHE à la périphérie de son « Petit Musée ». Colette BRUSSIEUX a proposé dans son rapport, des sondages archéologiques du sol de la cabane et du terrain, pour reconnaître les niveaux d’origine et l’aménagement du site, tel que l’avait voulu Martelanche, avant toute opération de dépose ou de démontage.

Monsieur YTHIER, Directeur du Musée DECHELETTE, se montre attentif au sort de la cabane « témoin », ainsi qu’à la disposition des œuvres dans l’espace primitif par MARTELANCHE lui-même, qui devra être prise en compte pour la scénographie future. Pour cela, il reste au Musée Déchelette à finaliser son projet muséographique et à choisir l’option de présentation de la cabane (démontage, fac-similé, copie 3D…).

Le rôle de l’Association ne s’arrête pas soudain, à la suite de cette évolution positive. Loin de là. Monsieur YTHIER et le service culturel de la Ville de Roanne espèrent la présence de l’Association à leurs côtés dans la recherche de fonds ou pour la future communication autour de l’exposition de MARTELANCHE au Musée.

Monsieur Quentin BAZIN, membre de l’Association, a développé un projet autour du réseau des points d’excellence de l’Art Brut en région Auvergne-Rhône-Alpes, dont MARTELANCHE fait partie. Il en exposera la teneur et les enjeux dans une prochaine communication.

Parmi les projets qui tiennent à cœur aux membres de l’Association, est envisagé un « chemin MARTELANCHE » à installer dans le village de Saint-Romain-la-Motte : un parcours de panneaux, textes et photos, pour retracer la vie, la naissance de l’inspiration du vigneron aux idées avancées, pour exposer la richesse de ses idées humanistes. Ce sera, peut-être, le prochain chantier gratifiant et à long terme de l’Association. Il aurait le triple avantage de maintenir une trace visible, permanente de MARTELANCHE dans son village ; de constituer une attraction touristique ; de matérialiser la connivence entre la commune de MARTELANCHE et le Musée DECHELETTE où son œuvre, esthétique et engagée, continuera à faire réfléchir et à émouvoir cent ans après sa mort.

martelanche